Troupe en Afghanistan ...

Publié le par Segolhaine


Nous ne devons pas pour autant nous désintéresser du sort des Afghans. Dès le 1er octobre, mon gouvernement, par la voix de notre ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine, a présenté un plan pour l’Afghanistan à la fois humanitaire, politique et de reconstruction, qui a contribué à la mobilisation internationale sur ces sujets et à la définition des orientations de travail au sein de l’ONU.
    Les Nations unies, en adoptant la résolution 1378, ont défini le cadre dans lequel doit s’inscrire l’avenir de l’Afghanistan : un gouvernement pluriethnique pleinement représentatif, respectueux des droits de tous les Afghans sans distinction, assumant ses obligations internationales et respectant le droit international humanitaire.
    La France soutient depuis le début les efforts de Lakhdar Brahimi, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, pour mettre sur pied dans les meilleurs délais une autorité représentative de toutes les composantes de la nation afghane. Une première conférence doit se tenir à Berlin dans les prochains jours. L’objectif est de mettre en place une autorité de transition. L’Europe a tenu à marquer, par la voix de ses ministres des affaires étrangères, que, si l’aide humanitaire doit être massive, immédiate et sans condition, l’aide à la reconstruction de l’Afghanistan implique un comportement raisonnable des acteurs locaux.
    Notre diplomatie agit en ce domaine au sein des groupes de consultation qui réunissent les puissances intéressées, notamment les Etats-Unis, la Russie, divers pays européens et l’ensemble des pays limitrophes de l’Afghanistan.
    La France prendra toute sa part dans l’organisation et la mise en œuvre de la reconstruction. Dès demain d’ailleurs, notre chargé d’affaires pour l’Afghanistan rejoindra notre ambassade à Kaboul.
    La voie doit pouvoir s’ouvrir à une aide humanitaire massive.
    La résolution 1378 demande à toutes les nations d’apporter une aide d’urgence pour soulager les souffrances de la population afghane. Cela sera facilité par la libération d’une grande partie de l’Afghanistan et la réouverture progressive des couloirs aériens et des axes de communication terrestre, encore dangereux, comme en témoigne la mort de sept journalistes à qui je voudrais rendre hommage.
    La France a décidé de s’investir largement. C’est dans ce but qu’elle doit participer sur le terrain à la sécurisation et à la réouverture des infrastructures de transit, routier et aéroportuaire, à Mazar-e-Charif, aux côtés des Américains et des Jordaniens.
    Le déploiement de nos unités au sol nous permettra de contribuer au pont aérien nécessaire à l’acheminement de l’aide. La mise en œuvre de ce déploiement se heurte encore aujourd’hui à des obstacles : les acteurs locaux et régionaux s’inquiètent de l’arrivée de contingents militaires terrestres, fussent-ils à vocation humanitaire. Nous travaillons avec nos amis américains à rendre possible l’installation effective de nos « marsouins » à Mazar-e-Charif.

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    Aujourd’hui, la lutte contre Al-Qaida et les talibans qui résistent encore va justifier la mise en œuvre de moyens nouveaux, à laquelle travaille notre ministre de la défense, Alain Richard. La zone concernée en Afghanistan est désormais réduite à 20 % du pays environ.
    Dans ce contexte, le Président de la République a annoncé vendredi dernier la décision de déployer des avions de combat français dans la zone des opérations. Les conditions techniques du déploiement de ces moyens en Asie centrale font aujourd’hui l’objet de négociations, notamment avec les autorités kirghizes et tadjiks.
    Le soutien aux forces alliées à terre peut être également assuré par l’aviation embarquée française. Cette mission et la problématique de la surveillance maritime dans l’océan Indien donnent une utilité au déploiement du groupe aéronaval, autour du Charles-de-Gaulle, disponible au début du mois de décembre.
    La flexibilité d’emploi du groupe aéronaval lui donne la capacité de remplir une large gamme de missions. Avec l’évolution du conflit, ces missions vont prendre dans les prochaines semaines une importance accrue, notamment pour éviter une exfiltration de dirigeants terroristes par voie de mer. Une participation au groupe aéronaval a été proposée à nos partenaires de l’Union européenne pour donner à ce déploiement une dimension européenne bienvenue.
    Les premières réponses positives nous parviennent.
    Il a été décidé ce matin, en conseil restreint, avec le Président de la République, de prévoir le déploiement à la mi-décembre, dans le nord de l’océan Indien, du Charles-de-Gaulle et de son escorte.
    Les conditions politiques mises à notre engagement restent les mêmes : elles concernent la définition des objectifs et notre association à la décision. Pour les actions qui seraient menées à leurs côtés, les Américains nous ont offert l’accès que nous souhaitions à la planification des opérations et à l’élaboration des missions. C’est un point acquis.
    Mesdames et messieurs les députés, si la lutte contre le terrorisme se poursuit en Afghanistan dans le même esprit, nous devons maintenir notre effort national de protection.

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Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 21 novembre 2001.
D É C L A R A T I O N   D U   G O U V E R N E M E N T
sur la situation en Afghanistan,
par M. Lionel JOSPIN,
Premier ministre

Publié dans Moi et mes amis...

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